Mercredi 25 juillet, c’est un enjeu crucial pour la vie des personnes qui a t discut à la confrence d’Amsterdam. Dans le monde, les lois criminalisant la transmission voire la simple exposition au VIH restent lgion. La communaut scientifique runie à Amsterdam a voulu raffirmer la primaut des faits et des preuves scientifique, et combattre l’ignorance et la stigmatisation sur lesquelles ces lgislations sont fondes. Kerry Thomas, dtenu amricain condamn à 30 ans de prison pour non-dvoilement de sa sropositivit, a pu tmoigner auprs des journalistes. Il est le symbole des milliers de personnes criminalises à travers le monde.
Linda-Gail Bekker, Françoise Barr-Sinoussi, Alexandra Calmy, Julio Montaner, etc. C’est la liste trs haute gamme en matire de VIH, des vingt co-auteurs-trices de la Dclaration de consensus sur la criminalisation du VIH, publie à l’occasion de la confrence d’Amsterdam. Par le rappel des vidences scientifiques en matire de transmission du virus, les scientifiques et activistes, solidaires sur cet enjeu, veulent changer le cours des choses en matire lgale. “Vingt scientifiques et experts du VIH du monde entier se sont runis pour la signature d’une dclaration contre la criminalisation du VIH et des lois stigmatisantes, inefficaces et indsirables”, dnonce mercredi matin en confrence de presse Linda-Gail Bekker, actuelle prsidente de la socit internationale sur le sida (IAS). Car le panorama est inquitant : 73 pays criminalisent la transmission, l’exposition ou la non-divulgation d’un statut srologique positif. Trente-huit autres utilisent des textes non-spcifiques au VIH pour poursuivre les personnes sropositives. Ces lois alimentent galement l’pidmie en stigmatisant, loignant du soin et maintenant dans la peur et le rejet les personnes sropositives. Ces lgislations n’ont surtout jamais pris en compte les volutions thrapeutiques et de prvention. “Ces lois ne sont pas juste de la criminalisation du VIH, mais aussi des lois plus larges qui sont utiliss contre les sropositifs. On peut comprendre l’attachement à la lutte contre les agressions, le meurtre, la violence que dfendent les cours, mais elles doivent reconnaitre que la science a volu et que le VIH n’est plus une annonce de mort imminente”, dfend Peter Godfrey-Faussett de l’Onusida.
Kerry Thomas, tout un symbole
Un sige est vide parmi le panel de la confrence de presse. Il est pour Kerry Thomas, un homme noir amricain condamn, en 2008, à 30 ans de prison aux Ãtats-Unis pour ne pas avoir dvoil son statut srologique à sa partenaire. Sous traitement, avec une charge virale indtectable, il a utilis un prservatif. Il n’a simplement pas divulgu son statut srologique. Mais dans l’Ãtat de l’Idaho, les preuves scientifiques ne sont pas prises en compte par les tribunaux. Si bien que Kerry Thomas risque de ne pouvoir sortir de prison qu’en 2038.
Sa place vide reprsente celle des personnes sropositives qui n’ont pas de voix et sont incarcres par des lois srophobes. La plupart des cas viennent du Canada, des Ãtats-Unis, du Belarus, de l’Ukraine, de la Russie, qui concentrent la grande majorit des affaires judicaires. Et ces cas sont fonds sur le stigma et non les vidences mdicales. Un rapport du mouvement HIV justice Network montre que les condamnations se font souvent alors que l’accus est sous traitement et en charge virale indtectable. Et parfois, le fait incrimin est une morsure, un crachat. Des actes qui ne constituent pas un mode de transmission rel, preuve de la profonde ignorance qui alimente cette criminalisation. C’est aussi l’intrêt de cette Dclaration : son impact sur les mdecins qui tmoignent lors des procs. “Je pense galement que cette Dclaration doit pouvoir outiller et duquer les soignants, souvent appels à la barre pour apporter des preuves et qui doivent se saisir de cet outil scientifique fondamental”, explique Sarai-Chisala Tempelhoff, membre de l’association des femmes avocates au Malawi, pays qui criminalise les personnes sropositives.